2500 centres de santé dentaires et ophtalmologiques sont dans le viseur de l'Assurance maladie.Treize d'entre eux, soupçonnés de fraudes, sont désormais déconventionnés.
À Amiens, si le centre Alliance Vision accueille toujours des patients, une affiche placardée à l'entrée les met désormais en garde. "Notre centre est considéré comme déconventionné. Ce statut n'empêche pas nos professionnels de santé d'exercer", peut-on y lire. Il faut comprendre que la Sécurité sociale ne remboursera plus les actes pratiqués. "Même ceux qui ont la CMU doivent payer. Donc, forcément, on a annulé le rendez-vous parce qu'on ne peut pas", confie une patiente à la caméra de TF1.
Pour la première fois, le déremboursement vise un réseau entier, dont les 13 centres se trouvent à Saint-Étienne, Antibes, Le Mans ou encore Paris. Alors qu'Alliance Vision refuse de répondre à nos sollicitations, une salariée du groupe explique que cette décision condamne le groupe à mettre la clé sous la porte. "Pour les trois centres de Paris, la décision a été prise de les fermer", assure-t-elle.
Un préjudice de 21 millions d'euros
L'Assurance maladie soupçonne le groupe de surfacturation, de surtraitement ainsi que de pratiques douteuses et peu déontologiques. Concernant le montant des actes pratiqués, pour le patient, il est presque invisible, puisqu'il est remboursé. Mais, pour l'État, il s'agit d'une fraude. Le préjudice infligé au contribuable pourrait s'élever à 21 millions d'euros.
Au-delà du cas d'Alliance Vision, tout le système des centres créés par des sociétés privées est dans le viseur des autorités. Une centaine d'enquêtes sont actuellement en cours. "Des acteurs ont, manifestement, investi dans ces centres de santé non pas pour prendre en charge des patients mais pour faire de l'argent dans des conditions frauduleuses", dénonce Thomas Fatôme, directeur de l'Assurance maladie.
Plus généralement, toute structure proposant des rendez-vous le jour même, dans un contexte de pénuries de personnels de santé, doit vous alerter.